Test de l’écran BenQ PG2401PT à plus de 1000 €…
Qu’il est a priori difficile de se faire une place au soleil des écrans Arts Graphiques tant les noms de NEC et EIZO se sont imposés, à juste titre. Pourtant, la société Color Confidence m’a demandé de tester un écran aux prétentions affichées mais dont la marque est très loin d’évoquer la qualité aux retoucheurs pros et autres utilisateurs de Photoshop. Son ambition est pourtant bien d’offrir à terme une gamme complète pour nous les photographes. Je l’ai donc passé à la moulinette de ma sonde préférée : l’i1 Display Pro avec le logiciel iProfiler dans un premier temps… mais une mise à jour s’est vite rendue nécessaire, mise à jour écrite le 08 août 2015. Voici mes conclusions définitives sur cet écran et si vous avez lu la première mouture de cet essai je vous « conseille » de le relire !
Pour présenter rapidement cet écran on peut dire qu’il s’agit d’un premier écran 24″ (1920 x 1200 – pitch 0,27) à dalle matte évidemment vu le secteur visé, à technologie IPS (LED), table LUT sur 10 bits et à large gamut donc couvrant un gamut proche de l’Adobe RVB 98. Il se range donc dans la catégorie des écrans dit « Arts graphiques ». Il est vendu environ 1150,00 euros (début août 2015).
PROMO Color Confidence jusqu’au 31 décembre 2015 : pour l’achat de cet écran, Adobe vous offre un abonnement à la Creative Cloud Photographie (Photoshop + Lightroom) d’une valeur de 143 euros.
1 – Présentation et ergonomie
– Si je ne suis pas très fan de la proéminence de ses deux pieds je dois reconnaître que la qualité de fabrication est impeccable, la finition irréprochable et l’ergonomie exemplaire : l’amplitude des mouvements de l’écran en hauteur, en inclinaison et en rotation permettra à tous les utilisateurs de trouver leur réglage idéal. Vraiment parfait !
– Les bords de l’écran sont dans les standards actuels donc pas supers fins pour réaliser un ensemble multi-écrans par exemple. Dommage… mais classique.
– La dalle a reçu un traitement antireflet du plus bel effet dont je reparlerai plus bas car je pense qu’il s’agit d’une autre qualité marquante de cet écran. Il s’agit de l’aspect « satiné » que l’on retrouve de plus en plus maintenant sur les écrans haut de gamme.
– Il est vendu avec le cordon d’alimentation, un cordon USB 3.0 pour alimenter les deux prises USB 3.0 sur le coté de l’écran et une connectique VGA étonnante aujourd’hui sur un écran Art graphique à plus de 1000 euros. Préférez un cordon Display Port qui n’est cependant pas vendu avec.
– Il est livré avec son propre logiciel de calibrage – Palette Master – qui est une évolution du logiciel d’X-Rite (i1 Profiler version 1.6) mais qui apporte une nouveauté très intéressante : la mesure/correction de la luminance par zone afin de corriger l’homogénéité de l’écran sur le long terme (écran garanti 5 ans).
– L’ergonomie des boutons tactiles est excellente également et très discrète. Parfait là aussi.
– La garantie de cinq ans et garantie 0 pixel mort pendant 6 mois.
– Vendu avec sa casquette.
MàJ après quinze jours d’utilisation : La première chose qui m’a marqué en regardant cet écran la première fois c’est son traitement antireflet. Je retrouve enfin un traitement qui, contrairement aux derniers EIZO ou NEC d’y il y a deux trois ans, donne un effet de surface très lisse, comme sur mon ancien Quato. Ils appellent cela « satiné ». Les pixels y sont très discrets et les dégradés très subtils. J’adore ! L’écran ne possède pas cet aspect de surface granuleux – même sur les écrans mats – qui renforce la présence des pixels. Si vous y avez déjà fait attention, vous voyez très bien de quoi je parle ! Et pourtant le « piqué » de l’image est supérieur à ce que j’ai l’habitude d’avoir sous les yeux. Du coup, même si mes premiers calibrages n’étaient pas satisfaisants, j’ai continué à creuser la question après la rédaction de la première mouture de cet article car cet écran m’avait interpelé… et il y a des surprises qui vous attendent à la relecture de cet article !
2 – Après calibrage, qu’est-ce que cela donne ?
J’ai donc entrepris le premier calibrage de cet écran avec la meilleure sonde actuelle (hormis la superlative et très chère Basic) dans un rapport qualité/prix tout bonnement excellent : l’i1 Display Pro + logiciel iProfiler (version 1.5.6 dans cet premier essai).
J’ai effectué son calibrage avec l’i1 Display pro et i1 Profiler (1.5.6) dont voici les valeurs cibles que j’avais choisies :
– Technologie de retroéclairage : CCFL/CCFL large gamut ou encore Diode blanche (LED).
– TC : 5800K
– Luminosité : 100 Cd/m2
– Contraste : natif
– Norme ICC : V2
– Gamma : 2,2
– Fonction ADC activée
– Fonction de contrôle automatique de la luminosité de la pièce désactivée. (J’aime pas ça !)
a) Rendu général après calibrage…
Et bien à ce niveau de prix et si l’on se fie uniquement aux chiffres je suis surpris et un peu déçu car il s’agit d’un écran avec des prétentions Art graphique. Le Delta E moyen est tout de même de 2,73 (Norme 1976 car plus bas avec la norme 2000)!
Bon, au delà des chiffres dont vous savez ce que j’en pense si vous lisez ce blog ou mon site depuis un certain temps, les couleurs sont vraiment belles, nuancées et sur les couleurs vertes et rouges saturées (là où il y intérêt à travailler sur un écran large gamut) l’apport est incontestable par rapport à mon Quato. Certes il faut trouver des photos avec ces couleurs très saturées mais là où cela sera très saturé, le gain en affichage sera très intéressant. Comme je le répète à ne nombreuses reprises sur mon site, pas sûr que Vincent Munier verra lui la différence sur ses images !
MàJ 08 août 2015 : J’ai refais le calibrage avec d’autres réglages et c’est une toute autre histoire – Voir plus bas…!
b) et maintenant le test de relevé d’harmonisation en luminance/TC :
Là, on est bien au niveau souhaité lorsque l’on investit plus de 1000 € dans un écran dit Art Graphique. C’est parfait et peut-être même au dessus de la moyenne dans cet gamme de prix ! Je n’ai pas souvenir avoir déjà vu cela ! EN TC, la différence maxi est de 150K. Parfait là aussi. De plus et comme je le précisais plus haut, cet écran à travers son propre logiciel de calibrage permet de faire une mesure en luminance par zone et d’apporter des corrections localisées lorsque l’écran commence à vieillir (Je rappelle que cet écran est garanti 5 ans) afin de lui conserver une belle homogénéité le plus longtemps possible. Il s’agit là d’une qualité marquante de cet écran pour les graphistes et autres retoucheurs qui conservent leur écran très longtemps… si cela ce vérifie dans le temps or les premiers acheteurs seront un peu pionniers !
MàJ du 25 août 2015 : La dalle paradoxalement, ne semble pas très homogène dans le noir et lorsque l’on affiche le fond gris foncé de l’espace de travail de Photoshop et est sensible à l’orientation de notre tête, un peu comme sur une dalle TN. Bien étrange tout cela. Pour le coup, je n’avais pas cela avec mon Quato. Le prix n’était certes pas le même…
c) Test du dégradé de gris dans Photoshop…
Dans une configuration matérielle « classique » c’est-à-dire sans carte graphique sur 10 bits donc sur PC et en DVI, le dégradé, à ma grande surprise là aussi, n’est pas parfait. Les cassures de tons sont vraiment très discrètes mais il reste des bandes légèrement magenta dans les hautes lumières. Mes HP 23 Xi font mieux !!!! De plus, à 100 Cd/m2, la luminosité m’a semblé beaucoup plus élevé que sur mes autres écrans. J’ai donc baissé manuellement la luminance à 85 Cd/m2 comme vous pouvez le voir ci-dessus. Curieux…
MàJ 08 août 2015 : Mais tout cela c’était avant de trouver les bons réglages dans le logiciel de calibrage ! Je rappelle que j’ai creusé la question car je trouvais cet écran « attachant » car il possède un traitement antireflet comme je les aime et que je n’ai pas vu sur un écran NEC ou EIZO depuis longtemps. Donc je me documente sur cet écran. Comment se fait-il que le delta E soit si élevé ? Qu’il possède des cassures de tons magentas dans les hautes lumières alors qu’il est donné pour satisfaire aux dernières normes FOGRA ?
Après recherches je commence déjà par une chose toute bête : je mets à jour i1 Profiler (1.6.1) et je note à ma grande surprise que le logiciel a été profondément remanié. Il ne s’agit pas d’une énième correction de bugs mais bien d’une profonde mise à jour. PENSEZ A METTRE A JOUR VOTRE VERSION D’i1 PROFILER VERS LA 1.6 ! Le menu déroulant qui permet par exemple de choisir la technologie d’écran a été sérieusement revu puisque de nouvelles technologies d’écrans récentes sont maintenant prises en compte… et cela influence énormément le calibrage !!! Je savais que c’était important car j’avais écrits des articles sur ce sujet mais, avec mes écrans ou ceux testés récemment je ne notais pas de différence jusqu’à maintenant. Il en allait tout autrement avec cet écran BenQ PG2401PT…
Donc je réinitialise les réglages de l’écran et je retrouve notamment un contraste à 50% (que j’avais baissé à moins de 30%).
Choix des presets sur l’écran et branchement du cable USB 3.0 pour le calibrage hardware :
– Espace couleurs : Adobe RVB 98,
– Contraste : 50%
– Température de Couleur : 6500K
NOTE : j’ai noté les mêmes résultats finaux avec le logiciel i1 Profiler 1.6.1 et avec le logiciel propriétaire (Palette Master) qui est simplement une évolution d’i1 Profiler 1.6 mais avec cette fonction géniale d’harmonisation de l’uniformité de l’écran dans le temps qui n’existe pas sur i1 Profiler, toutes choses égales par ailleurs. Donc lors du premier calibrage, l’écran étant neuf, il importera peu de choisir l’un ou l’autre.
Choix des presets dans le logiciel i1 profiler maintenant – ET C’EST LA QUE TOUT CHANGE !
– Technologie de l’écran : Choisissez GBr-LED ! – Notez que dans le logiciel PM cette option n’est pas disponible car PM utilise GB-rLed par défaut –
– D65 ou éventuellement un peu moins si vous souhaitez un écran un peu plus chaud. Notez qu’à D55, j’écran est vraiment chaud mais pas jaune comme sur les écrans bas de gamme.
– Luminance : 80 Cd/m2 : j’ai noté que l’écran à 80 est aussi lumineux que mes autres écran à 100 Cd/m2 sans que j’ai d’explication.
– Contraste : Natif ou 1/287.
– Gamma évidemment à 2,2 – courbe standard.
– Norme ICC : V2 (pour éviter les problèmes incompatibilités avec certains logiciels de visualisation d’images (images trop sombres).
And the résultat is !
Delta E (Norme 1976 la plus critique) = 0,84 ou lieu des 2,73 ci-dessus ! Simplement en choisissant la bonne technologie d’écran !!! C’est mon record. Autant vous dire que c’est parfait ! (Delta E maxi : 1,91!) Donc tous les patchs sont en dessous des 2 où l’oeil ne perçoit souvent plus aucune différence.
Et cerise sur le gâteau, le dégradé de gris en diagonal dans Photoshop est maintenant parfait lui aussi. Et évidemment l’uniformité est toujours superlative.
Je n’ai certes pas essayé les EIZO CG247 ou NEC SV mais il s’agit de mon record et que demander de plus ? Plus blanc que blanc !
Ma conclusion définitive ! (25 août 2015)
La conclusion définitive du test de cet écran est donc très différente de lors de mon premier essai et pleine de paradoxe après quinze jours d’utilisation ! BenQ, nouveau sur ce marché des écrans Art Graphique, frappe donc tout de suite très fort sur certains critères. Certes il a une image a construire mais pour un coup d’essai c’est un coup de maître… sur les critères sur lequel on l’attend et où on va le juger en premier ! Mais il y a un mais. Reste à voir en effet maintenant dans le temps et évidemment avec les futurs écrans à venir. L’histoire nous a appris par exemple que les logiciels propriétaires, si le succès commercial n’est pas au rendez-vous ne sont pas mis à jour or la fonction de contrôle d’homogénéité de l’écran ne fonctionne qu’avec la version propriétaire…
Les audacieux se lanceront tout de même et les autres choisiront parmi les deux marques emblématiques. Mais ils auraient tord de négliger deux choses selon moi : la qualité et la beauté du traitement antireflet de ce BenQ et la fonction de contrôle de l’uniformité de cet écran par zones dans le temps. Voilà deux qualités majeures qui s’ajoutent à un calibrage qui offre un DeltaE de 0,84 et une uniformité parfaite ! Comme je viens de l’écrire il s’agit cependant plus d’avantage sur le papier mais quid dans le temps…
Mais je le répète, il n’a jamais été aussi important d’utiliser le « bon » logiciel ou du moins la bonne version et surtout de bien choisir la technologie de retroéclairage : ici GBLed. Je n’avais jamais noté jusqu’à maintenant que cela pouvait influencer autant un calibrage.
Enfin, car sans quoi cet écran aurait obtenu la note maximale, il est à noter trois défauts, plus ou moins gênant selon l’utilisateur, à propos de cet écran qui pourront, j’en conviens volontiers, être rédhibitoires pour certains photographes :
1 – Un effet de rémanence sur les textes quand on défile du texte html gras sur Internet, surtout quand l’option AMA est activée. Il faut réviser que j’ai obtenu cet effet avec un branchement DVI. Cela peut devenir gênant à la longue. Comme cet écran à vocation à surtout afficher des images cela peut cependant ne pas être gênant du tout. A vous de voir s’il s’agit de votre unique écran ou si, comme moi, vous travaillez en multi-écrans.
2 – Il apparaît comme une espèce de chromatisme sur certains textes : certaines lettres verticales semblent dédoublées de rouge. Pas très gênant dans l’absolu, surtout sur des images où cela ne gêne pas du tout mais plus embêtant pour quelqu’un qui afficherait également régulièrement des textes sur cet écran. Cela dit, ce n’est pas un problème spécifique à cet écran.
3 – Là cela gênera davantage les photographes qui travaillent dans le noir ou la peine ombre : le rétroéclairage de la dalle ne semble pas homogène alors que le test d’homogénéité nous annonce le contraire ! Un peu comme si cette dalle pourtant IPS était en fait une technologie TN. Franchement limite sur un écran à plus de 1000 euros.
Je pense que bien plus que de ne pas être un EZIO ou un NEC – quoique que ! -, ces points desserviront ce pourtant très intéressant écran. Difficile dans ces conditions de le conseiller les yeux fermés.
POUR : DeltaE et uniformité superlatifs – Qualité du traitement antireflet – Surveillance de l’harmonisation de l’écran dans le temps par zones – Large gamut : espace couleurs Adobe RVB 98 – Qualité de fabrication – Ergonomie générale – Menus – Garantie 5 ans -.
CONTRE : C’est un BenQ ! – Il coûte cher, surement trop cher – Rémanence sur les textes gras en html lorsque l’on défile l’écran rapidement verticalement – Le retroéclairage de l’écran dans une pièce très sombre et sur une image noire pas franchement homogène – La concurrence est sévère, sérieuse et particulièrement bien établie ! – Il ne faut pas se tromper de choix de technologie de retroéclairage lors du calibrage sans quoi le calibrage devient très moyen ! – 24″ seulement pour le moment et en plus en Full HD uniquement…
Ma note ! (25 août 2015) : 5/10
Accèsau test | Prix * | Revendeurs | ||
---|---|---|---|---|
Ecran BenQ PG2401PT | Graphic Reseau | 1140 € | ||
i1 Display Pro | Mon test | 200 € |
* : prix en euros TTC (Août 2015).
Si vous achetez cet article chez Amazon.fr ou Graphic Reseau, ces enseignes me reversent un petit pourcentage sur cette vente et ainsi vous participez à votre manière au développement de ce blog. Merci.
Bonjour,
Je suis votre blog depuis maintenant quelques années et ça m’a toujours servi et aidé 🙂
Mais voilà, cherchant un écran suite à une infiltration d’eau qui a gouté pile poil au-dessus de mon écran qui a grillé… je me suis penchée pour un 32 pouces en 4k.
Sur votre blog, il y a un très beau Dell à un prix moyen de 1000€, mais pas dispo il y a 2-3 semaines quand j’ai cherché de toute urgence un écran…
Et je n’avais pas les 5000€ pour le fameux Eizo…
J’ai donc opté pour un BenQ, le SW320.
J’ai fait 2 calibrations en suivant vos explications avec la i1 Display Pro (que j’avais acheté en vous suivant 😉 ) et en choisissant 2 technologies différentes, une « led blanches » et l’autre… faudrait que je vois le nom pour le dire.
Et mes 2 calibrages étaient totalement différents!
Maintenant, je ne sais pas lequel est mieux…
Mais je vais tester du weekend « GBr-LED » comme cité ci-dessus pour un écran de la même marque… Et puis comparer.
Mais si jamais vous testez un SW320, je suis preneuse pour les réglages et le calibrage 😛 😀
En tout cas, bravo pour votre blog, j’aime!
Asus propose des écrans « ProArt » à technologie LED AH-IPS couvrant à 99% l’espace Adobe RGB à des prix plus que compétitifs.
Il s’agit Asus ProArt PA249Q 24″ 1920×1200 (comparable sur le papier au Benq testé) mais que l’on peut trouver à 489€ ou encore le PA 279Q (27″ 2560×1440) à 798€.
Que valent ces écrans?
Pour un amateur au budget limité cela parait intéressant.
Que faut-il en penser?
Bonsoir,
Je ne rate aucuns de vos commentaires ou test. Grace à vous j’ai pu calibrer mon écran avec la sonde i1 display pro achetée récemment en remplacement de ma color munki. Heureusement que vous avez fait un tuto car si je compte sur Xrite pour l’installer je peux attendre longtemps car il n’y a rien !
Bravo à vous
cordialement
alain
Merci Alain et à bientôt…